La grêle,
L'écrit qui frappe le sol
Sans précaution,
Accumule les souffles
Et les refus,
Toutes les balafres de la langue.

E l a r g i s s e m e n t de la parole,

Secousse du signifiant
Dans chaque écho.

Je cours le risque d'éveiller
A nouveau
Ma langue ajourée
De brûlures et d'étonnements.

C’est une autre réalité de langage qui se libère dans les poèmes de Vincent Pelle ; une réalité de parole tonnante, sans concession. Le chant est dans le chant qui prend tout son sens résonnant en son espace vital, rend possible « l’impossibilité d’écrire de façon cristalline...» Nous avons là une poésie très originale, parfaitement maîtrisée ; une écoute intérieure lucide, sans imposture. « Parole persistante » s’incise d’elle- même, donne de la voix, affirme l’unité d’un « territoire » de mots avec ses certitudes, ses doutes et ses espoirs ; parler et encore parler, d’abord à soi…

Sous le timbre du texte,
Cette pluie ininterrompue
Pénétrant chaque césure,

Le bruit de l'eau
Qui morcelle.

Comme l'inondation redécouvre le lieu,
Je ne distingue
Plus les sentes
Ni les découpes coutumières.

Seule la langue me délimite
Des grandes étendues du lisible.

MAINTENANT
S'en tenir FERMEMENT
A cette nappe de parole
Piégée par la pluie

Et repenser à cela
Même loin des routes,
Du ravissement qui nous retient.