Noyades

Yvonne
Le Meur-Rollet

Noyades

Quand tu ne sauras plus
Ecouter le silence
Qui fait rêver la nuit
Au vent des hannetons

Quand tu ne sauras plus
Débusquer les anguilles
Dans les larges méandres
Que festonnent les joncs

Quand tu ne sauras plus
Regarder ton enfance
A travers les persiennes
De tes lointains avrils

C’est que sans doute alors
Dans ton reflet strié
D’alcool et de remords
Tu te seras noyé.

Lors de la parution de son premier recueil "Saison de pluies" publié en 1999 par An Amzer, nous avions apprécié le talent et la modestie d'Yvonne Le Meur-Rollet. Depuis, la poétessse s'affirme avec force et sa dernière œuvre, "Noyades" nous offre une approche sobre et sensible de la dépendance alcoolique - La lune blonde luit en ton verre - transcendée par le talent poétique de l'auteur, la souffrance est ici distancée jusqu'à l'épure, donnant toute sa force à cette belle écriture "et l'écho du vacarme / comme ta main qui tremble / fait tinter le cristal / d'un flacon couleur d'ambre".
A lire, émotion présente.

Marie-Louise Cornille

Grand prix de Plouzané 2003

La brume noie
Le ponton lisse
Où s’impatientent les voiliers

Et les cœurs plongent
Gorgés de lune
Dans le secret des boucaniers

Pourquoi cet oreiller de plumes
Où s’éternuent
Tous les regrets

Pourquoi ces cigarettes brunes
Tisonnant leurs voix ravagées

Nuits de fumées
Soirs de révoltes
Phrases de lutte
Si haut lancées

Leur mots résonnent
Dans les clairières
Où tous nos verres
Se sont levés